Vous souvenez-vous de l’euphorie qui régnait autour des MOOCs il y a quelques années ? Ces cours en ligne ouverts et massifs promettaient rien de moins qu’une révolution complète de l’éducation et de la formation professionnelle. Pourtant, aujourd’hui, de nombreux experts et professionnels de la formation s’interrogent : ces plateformes qui devaient démocratiser le savoir à l’échelle mondiale ont-elles échoué ? Le modèle initial s’est-il essoufflé au point qu’on puisse se demander si le MOOC n’est pas tout simplement… mort ?
La réponse est loin d’être simple. Le MOOC est-il mort ? Cette question cache une réalité bien plus complexe qu’il n’y paraît, particulièrement dans le contexte de l’emploi et de l’évolution professionnelle. Alors que certains signes semblent indiquer un déclin, d’autres révèlent plutôt une profonde métamorphose de ce format d’apprentissage qui continue d’influencer significativement le paysage de la formation professionnelle.
Les symptômes d’un déclin apparent
Le MOOC est-il mort ? Si l’on observe certains indicateurs, plusieurs éléments pourraient le laisser penser :
Les taux d’abandon stratosphériques constituent le premier signal d’alarme. Avec des chiffres oscillant entre 85% et 95% selon les études, la grande majorité des apprenants ne termine jamais les MOOCs qu’ils commencent. Ce phénomène, observable dès les premières années, s’est maintenu malgré les efforts d’amélioration pédagogique.
Le modèle économique initial, basé sur la gratuité totale, a montré ses limites. La plupart des plateformes ont dû pivoter vers des offres freemium ou des certifications payantes pour assurer leur survie, remettant en question l’aspect “ouvert” qui constituait l’un des piliers fondamentaux du concept.
La désillusion s’est installée face aux promesses d’employabilité. De nombreux recruteurs continuent de privilégier les formations traditionnelles, et la simple mention d’un MOOC sur un CV n’apporte pas toujours la valeur espérée sur le marché du travail.
L’évolution plutôt que la disparition
Le MOOC est-il mort ? Non, mais il s’est transformé pour s’adapter aux réalités du marché de la formation :
Le passage du “massif” au “ciblé” représente l’une des évolutions majeures. Les plateformes proposent désormais des parcours plus spécialisés, visant des compétences précises et des publics spécifiques, particulièrement dans le domaine professionnel. Le “one-size-fits-all” a cédé la place à une approche plus personnalisée.
L’intégration aux écosystèmes de formation constitue une autre mutation significative. Plutôt que de rester des entités isolées, les MOOCs sont désormais fréquemment intégrés dans des cursus plus larges, comme éléments complémentaires de formations universitaires ou d’entreprise. Cette hybridation renforce leur pertinence et leur efficacité.
La montée en puissance des micro-certifications représente également une évolution majeure. Face aux besoins de flexibilité du marché de l’emploi, les MOOCs ont évolué vers des formats plus courts, validant des compétences précises et immédiatement applicables en contexte professionnel.
Le MOOC face aux nouvelles attentes professionnelles
Le MOOC est-il mort ? Pour répondre à cette question, il faut examiner comment il s’adapte aux besoins actuels du monde professionnel :
L’apprentissage continu est devenu une nécessité dans un marché de l’emploi en constante évolution. Les MOOCs, par leur accessibilité et leur flexibilité, offrent une solution pertinente pour actualiser régulièrement ses compétences sans interrompre son activité professionnelle.
Les soft skills, longtemps négligées dans les parcours traditionnels, trouvent dans certains MOOCs un espace d’apprentissage adapté. Leadership, communication, intelligence émotionnelle… Ces compétences cruciales pour l’évolution professionnelle bénéficient d’approches pédagogiques innovantes développées par les plateformes.
L’apprentissage social, favorisant les interactions entre pairs, s’est considérablement développé. Les communautés d’apprenants, les projets collaboratifs et le mentorat intégrés aux MOOCs renforcent l’engagement et préparent mieux aux réalités collaboratives du monde professionnel.
Les nouveaux visages du MOOC en 2025
Le MOOC est-il mort ? Loin de là, il se réinvente sous plusieurs formes :
Les SPOCs (Small Private Online Courses) représentent l’une des évolutions les plus significatives. Ces cours en ligne privés, limités à un nombre restreint de participants, permettent un suivi plus personnalisé et des interactions plus riches, particulièrement appréciés dans le cadre de formations d’entreprise.
Les COOCs (Corporate Open Online Courses) se développent rapidement. Conçus par et pour les entreprises, ils combinent les avantages du format MOOC avec des contenus parfaitement alignés sur les besoins spécifiques des organisations et de leurs collaborateurs.
L’IA personnalise désormais l’expérience d’apprentissage. Les algorithmes adaptent le parcours, le rythme et même le contenu en fonction des performances et préférences de chaque apprenant, répondant ainsi à l’une des principales critiques adressées aux premiers MOOCs.
Vers un nouvel équilibre formation-emploi
Le MOOC est-il mort ? Non, mais son rôle dans l’écosystème de l’emploi a évolué :
La complémentarité avec les formations traditionnelles s’affirme comme un modèle d’avenir. Les MOOCs ne remplacent pas les diplômes établis mais les enrichissent, créant des parcours hybrides qui combinent le meilleur des deux approches.
La validation des acquis par les entreprises se développe progressivement. De plus en plus d’organisations reconnaissent la valeur des compétences acquises via ces plateformes, particulièrement lorsqu’elles sont validées par des projets concrets ou des mises en situation professionnelles.
L’apprentissage tout au long de la vie trouve dans les MOOCs un allié précieux. Face à l’allongement des carrières et aux mutations rapides des métiers, ces formats flexibles permettent de se réinventer professionnellement à tout âge.
Loin d’être mort, le MOOC a simplement quitté sa phase d’hypermédiatisation pour entrer dans une période de maturité et d’intégration plus profonde dans les stratégies de développement des compétences. Si le modèle initial a effectivement montré ses limites, ses évolutions récentes démontrent sa capacité d’adaptation et sa pertinence renouvelée face aux défis de l’emploi contemporain.
La vraie question n’est plus de savoir si le MOOC est mort, mais plutôt comment tirer le meilleur parti de ses transformations pour construire des parcours de formation véritablement efficaces et adaptés aux réalités professionnelles d’aujourd’hui et de demain.